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Aucun – Couraduque : un feu d’estive salutaire ?

dimanche 9 janvier 2011 par Rédaction

Vendredi matin, au-dessus du village d’Aucun, un feu pastoral « pédagogique » a échappé au contrôle des sapeurs pompiers du CODIS. Du coup, la pédagogie s’est transformée en un entrainement grandeur nature avec le déplacement de 50 sapeurs pompiers venant d’Argelès-Gazost, Arrens, Pierrefitte, Lourdes, Bordères, Rives de l’Adour et l’intervention du GRIM (Groupe d’intervention montagne). Etaient également sur place la gendarmerie et l’ONF.

Pris par un vent violent, le feu a rapidement traversé la route menant au col de Couraduque et s’est dirigé vers la crête où se situent deux granges aménagées appartenant à un médecin tarbais qui ont été épargnées par les flammes. Selon le commandant Garcia, chef du centre de secours principal de Tarbes que nous avons pu contacter, « une enquête de gendarmerie est ouverte pour déterminer les causes ». A quoi bon ? Ce ne sont que 25 ha d’écobuage réalisé de manière imprévue.

Un bon feu pastoral !

Le feu pastoral ou écobuage http://www.pyrenees-pireneus.com/ecobuage.htm est une des solutions pour nettoyer un terrain et faire repousser l’herbe qui sera pacagée. C’est parfois nécessaire à titre préventif contre les incendies non maîtrisés et les avalanches sur des terrains pentus et difficiles d’accès ne pouvant pas être fauchés et peu ou pas pacagés.

Parti d’un feu de fougères sèches pour se répandre dans un herbage « ensauvagé », l’écobuage, dans la mesure où il est maitrisé et n’engendre aucune victime et aucun dégât au patrimoine bâti ne peut être qu’un bienfait y compris pour la biodiversité. Il est d’autant plus intéressant « si des bêtes viennent pacager à la repousse de l’herbe » nous précise un éleveur. Il est plus que probable que l’herbe sera bien verte et attirera les bêtes. Mai encore faut-il « respecter la diversité de pacage entre bovins et ovins » selon des éleveurs. Le fait d’avoir des troupeaux diversifiés en quantité suffisante évitera à l’herbe de repousser dans des proportions qui la rendent vulnérable aux incendies.

Et les granges ?

Par le passé, les alentours de toutes les granges étaient fauchées et pacagées. De ce fait, les écobuages n’étaient pas craints comme aujourd’hui. La protection était « naturelle » pour la très grande majorité d’entre elles.

Aujourd’hui ces mêmes granges sont devenus des résidences secondaires autour desquelles l’herbe est bien souvent laissée à l’abandon. « Ce qui rend les abords vulnérables aux incendies » nous disent des éleveurs. « Il faudrait que les propriétaires nous laissent exploiter les terrains qui entourent les granges » nous dit-on. C’est un des objectifs de « la reconquête des zones intermédiaires » nous précise Marc Léo, Conseiller Général et Président de la Communauté de Communes du Val d’Azun. C’est d’ailleurs l’esprit d’une lettre qu’il a adressée le 28 juin 2010 aux éleveurs et propriétaires fonciers où il rappelle que « les paysages ont été façonnés par l’homme et en particulier son activité pastorale ». Tout en constatant l’évolution des usages agricoles et le changement de destination des granges, il annonce « la mise en place d’un groupe de travail dédié aux usages et aux enjeux liés au foncier attaché à ces granges foraines ». Il est aujourd’hui évident que laisser s’ensauvager ce foncier c’est prendre le risque d’incendies.

« On s’en sort très bien »

Pour le maire d’Aucun, Annie Huot-Marchand : « On s’en sort très bien. Il n’y a eu aucune victime ni dommages au patrimoine… C’était très impressionnant ». Mais il va sans doute falloir penser à l’avenir. Un avenir qui passe par l’entretien des estives intermédiaires. Et qui peut mieux les entretenir que l’action conjuguée de l’homme et l’animal, c’est-à-dire le pastoralisme avec des bêtes adaptées au milieu ?

Cet exercice aura au moins eu l’avantage de mettre ce fait en évidence.

Louis Dollo